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carnivore

75 chercheurs réunis autour du naturaliste Guillaume Chapron se sont intéressés à l’évolution des populations des quatre grands carnivores de 31 pays européens : ours brun, loup, lynx boréal et glouton (animal des pays nordiques) [1]. On pourrait penser que ces animaux ne parviennent à survivre que dans des réserves ou dans des zones sauvages très reculées et inhabitées (« modèle de la séparation » adopté aux États-Unis et dans de nombreux pays asiatiques et africains). Or, la situation actuelle correspond bien mieux à une seconde approche, le « modèle de coexistence », qui a encore été peu étudié.

– le loup est présent de façon permanente dans 28 pays, avec plus de 12 000 individus, la plupart des populations étant stables ou en augmentation ;

– l’ours est présent dans 22 pays, avec environ 17 000 individus, la plupart des populations étant stables ou en légère augmentation ;

– le lynx est présent dans 23 pays, avec environ 9 000 individus, la plupart des populations étant stables ;

– le glouton aime le froid et n’est donc présent que dans trois pays (Finlande, Norvège, Suède), avec une population d’environ 1 250 individus, en augmentation.

La conclusion de cette équipe est qu’en dehors de cas particuliers (comme l’ours des Pyrénées en France où le lynx des Balkans dont la population a diminué en raison des guerres successives), « les populations vont globalement bien, et c’est une bonne nouvelle », ce qui autorise un « optimisme prudent » pour l’avenir de ces animaux.

Les raisons de ce succès sont les législations de protection commune à de nombreux pays européens, la bonne santé des populations de cerfs, chevreuils, etc. qui sont la proie des grands carnivores, l’opinion publique favorable envers ces animaux ainsi que diverses pratiques permettant la coexistence entre les grands carnivores et les humains. Aujourd’hui, on compte deux fois plus de loups en Europe qu’aux États-Unis (sans prendre en compte l’Alaska) sur une superficie deux fois plus petite et malgré des densités humaines deux fois plus fortes.

La plupart de ces animaux vivent dans des zones qui ne sont pas protégées. Si le modèle de la séparation avait été appliqué en Europe, il n’y aurait pratiquement plus de grands carnivores, car la plupart des zones européennes protégées sont trop petites pour accueillir ces animaux, qui ont généralement besoin de grands espaces pour se déplacer.

[1] Chapron, G. et al. (2014). Recovery of large carnivores in Europe’s modern human-dominated landscapes, Science, 346 (6216), 1517-1519.